CHAPITRE UN

 

> La Connaissance de L’Agneau <.

Tout semblait calme dans la montagne. Mais les yeux du vieux prophète ne se posaient pas sur cette apparence. Son âme et son esprit étaient si rapprochés qu’il voyait ce que le commun des mortels ne pouvait percevoir. En lui, c’était la fureur du combat. Il avait marché quarante jours. Et là, il s’était assis dans sa caverne. C’était un endroit connu de lui seul. Il y était venu pour entendre La Voix. Et il attendait. Il avait un peu froid et ses vieilles courbatures le faisaient souffrir. Que se passait-il ? Pourquoi fallait-il que tout aille mal ? N’avait-il pas été fidèle ? N’avait-il pas transmis correctement le message de La Voix ? Il avait été zélé pour accomplir ce que Dieu lui avait demandé de faire. Et voilà le résultat ! Tout le monde l’avait abandonné. Les plus religieux du peuple le condamnaient, le roi avait lancé un avis de recherche contre lui et sa tête était mise à prix. Le peuple s’était moqué du message, avait abandonné l’Alliance, renversé les autels et tué tous ses collègues.

 

Le vieil Elie se sentait seul. Et de l’intérieur de sa caverne, son regard se portait sur l’horizon. Son désir de mourir ne l’avait pas quitté. Comment était-il possible que les hommes s’agitent tant, alors que le calme règne dans la nature ?

 

Le vieux prophète s’aida de son bâton pour se lever. Il tourna le dos au soleil qui se levait et se dirigea vers le fond de son antre. Son pied heurta une pierre. Il se baissa, la ramassa et la jeta avec force dans les ténèbres rocheuses. C’est alors que La Voix se fit entendre derrière lui. « Que fais-tu ici Elie ? » L’homme baissa la tête avec une grande lassitude, et sans se retourner il soupira sans mot dire : « Ce que je fais là ? Comme s’Il ne savait pas ce que je fais là ! »

 

« Je me plains, voilà ce que je fais là ! Je suis tout seul et condamné à mort ! » Dit-il sans prendre la peine de se tourner face à Celui qui lui parlait.

 

Elie avait l’habitude d’entendre La Voix. Elle lui était devenue familière. Il ne pouvait pas se tromper, il savait que c’était Lui. Dieu aimait cet homme. Ce vieillard fort et fragile à la fois. « Sors de là Elie. Viens en plein jour. Viens face à Moi. Ne reste pas dans l’ombre. Et tiens-toi sur la montagne. »

Alors Elie se retourna lentement en replaçant le pan droit de sa robe et se trouva devant l’horizon embrasé du feu du soleil levant. Sa silhouette se détachait sur ce spectacle flamboyant.

 

Tout était calme. S’il n’avait pas entendu clairement La Voix, Elie aurait pu être tenté de penser que Dieu s’était retiré de là. Mais il connaissait Celui qui, du monde invisible, lui parlait. Que voulait-Il lui dire cette fois ? Il n’avait pas fini de formuler sa pensée qu’un vent impétueux déchira la montagne et brisa les rochers. Elie se plaqua contre la paroi de sa caverne pour éviter d’être emporté par cette subite tempête. Puis, aussi rapidement qu’elle était venue, cette manifestation surnaturelle disparut. Le silence avait repris sa place. Elie attendit encore un instant, puis fit quelques pas pour constater les dégâts causés. C’est alors qu’un grondement sourd éveilla son attention. Cela semblait venir des profondeurs du sol. Cela se rapprochait de la surface et finit par secouer la terre, donnant à Elie le sentiment de sa petitesse. Les rochers qui avaient été brisés par le vent et qui se tenaient dans un équilibre précaire sur quelques autres pierres, s’écroulèrent et se mirent à rouler dans les ravins d’alentour. Et cela cessa. Elie se retrouva assis malgré lui à l’entrée de sa caverne. Mais il fut vite sur ses pieds pour aller se réfugier à l’intérieur quand un feu puissant sortit de nulle part pour incendier les rares choses qui pouvaient l’être en cet endroit de désolation.

Il n’avait pas le temps de réfléchir à la signification de ces choses. Son âme était dans la frayeur. N’avait-il pas demandé la mort quelques jours plus tôt ? Peut-être Dieu venait pour exaucer cette prière. C’était la seule chose qui s’imposait à lui. Et la colonne de feu s’estompa comme par enchantement. Dieu semblait ne pas être là. Ces manifestations violentes Le précédaient. Dieu prit Sa Voix la plus douce pour parler à Son vieux serviteur. Cette fois Elie se tint à sa vraie place. Il s’enveloppa le visage dans son manteau et sortit de sa caverne avec le cœur préparé par l’événement vécu à l’instant, à entendre La Voix. La fureur de son combat intérieur était calmée. Il pouvait parler avec Dieu sans manifester une quelconque émotion négative. Il pouvait plaider sa cause avec une attitude de respect et de foi. Dieu est Tout Puissant et Il fait ce qu’il a décidé de faire de toute éternité. Elie l’avait toujours su, mais il avait eu besoin, dans cette occasion, au sein de son épreuve, que Dieu lui rafraîchisse la mémoire.

 

Dieu avait toujours aimé l’esprit d’Elie et, de toute éternité, Il avait décidé en son « Conseil-Personnel » de l’utiliser cinq fois sur cette vieille terre.

 

Depuis la restauration du monde, c’était la première fois qu’Il l’envoyait à son peuple. Et, si l’esprit d’Elie avait toujours été bien disposé dans la vie pré-mortelle, il n’en était pas de même de son âme vivante dans ce monde-ci.

 

C’est pourquoi L’Eternel formait cet homme dans le creuset, comme l’orfèvre qui épure l’or dans le feu. Quand le corps d’Elie fut formé dans le sein de sa mère, Dieu le connaissait déjà. Et quand l’esprit éternel d’Elie vint dans ce petit corps, l’âme qui devint alors vivante était tout ce qu’il y a de plus humaine. C’était une âme qui n’avait pas du tout conscience du passé éternel de l’esprit à laquelle elle était liée étroitement.

 

Et Elie avait une prédisposition d’âme qui le conduisait à ne pas être diplomate du tout. Par exemple, il s’en prenait avec force à Jézabel, cette femme libérée qui se permettait des choses qui n’étaient pas dignes d’une dame. Et c’est à force d’insister sur ce point sensible qu’Elie avait réussi à se faire d’elle une ennemie mortelle.

 

Elie ne se taisait pas en face des religieux qui pervertissaient La Parole de Dieu au profit de leurs traditions. Il ne pouvait supporter cette trahison organisée. C’est pourquoi Elie n’était pas aimé par les dignitaires de la religion officielle, mais cela ne le dérangeait pas. Ce qu’il voulait, c’était simplement rétablir ce que Dieu avait ordonné au commencement, quand Il avait fait alliance avec son peuple. Mais qu’existe-t-il de plus raide que le cou d’un religieux ? Peut-être l’union de plusieurs religieux... Et à force de luttes et de combats continuels, il en arrivait ce jour-là à se sentir comme laissé pour compte, abandonné de tous. Et ce qui lui faisait le plus peur, c’était la pensée que Dieu Lui-même puisse l’abandonner à son triste sort.

 

L’âme d’Elie ne pouvait pas savoir que son propre esprit immortel avait accepté tout le déroulement de toute cette histoire Comment l’âme de l’homme pourrait-elle se douter que toutes les choses qu’elle trouve à faire ont été préparées d’avance par Dieu afin d’être accomplie ? Car au moment où le corps sort de sa mère, l’esprit éternel prend place en lui et cela fait surgir du néant l’être qui va vivre et que nous appelons : une âme vivante. Lors de votre naissance, que vos yeux n’ont pas vue, avant que vous ne poussiez le premier cri, c’est Le Doigt de Dieu qui s’est posé sur votre bouche. Cette petite marque qui se trouve entre votre nez et votre lèvre supérieure est l’empreinte de Son Doigt sur vous. A ce moment là, Dieu a ôté de votre conscience tout ce que votre esprit avait vécu dans le monde invisible, en Lui, de tout éternité, afin que vous ne vous en souveniez absolument pas. Car chacun de nous a un passé pré-mortel. Et c’est dans ce passé pré-mortel que tout a été décidé. Votre esprit, comme l’esprit d’Elie, était alors en plein accord avec L’Eternel pour venir vous incarner sur cette vieille terre et pour y jouer le rôle que vous y jouez actuellement. C’est dans votre passé éternel, juste avant de venir vous incarner sur terre, que vous avez reçu des capacités de foi (Job 38/5-7) que d’autres n’ont pas reçues. Vous avez aussi accepté d’être handicapé par certaines ‘tares’ qui sont les vôtres aujourd’hui et qui vous obligent à la sanctification volontaire chaque instant de chaque jour. Quelle joie était la vôtre et la mienne lorsque Dieu se mit enfin à créer le monde et l’étendue du ciel ! Nous battions des mains tout en Le louant puissamment (Job 38/5-7)

 

Nous vivons sur cette terre pour un court moment et le temps a été créé pour nous, afin que nous puissions évoluer selon la volonté et le bon plaisir de Dieu.

 

Quand nous pensons à notre vie, ou à l’histoire de ce monde, nous avons recours à la mémoire pour ce qui est du passé et à l’imagination pour ce qui est de l’avenir. Mais ce n’est pas ainsi que Dieu considère les choses. Pour Dieu, il n’y a ni passé, ni futur. Pour Lui, tout est au présent. Ce qui est, a déjà été, et Il connaît tout. Aucun mot de la sagesse humaine ne peut exprimer ce que Dieu peut ressentir dans Sa situation. Ce qu’il nous faut admettre, c’est que nous sommes de passage sur cette terre et que nous ne pouvons juger que d’après ce que nous savons. Or, que sait-on en dehors de ce que Dieu veut bien nous révéler ?

 

Et Dieu révéla à l’âme d’Elie ce qu’elle avait besoin de savoir à son époque. Et quand le moment arriva de reprendre Elie dans le monde invisible, là où la dimension du temps n’existe pas, le corps et l’âme d’Elie furent enlevés au ciel dans un tourbillon (2 Roi 2/1). Par contre, Dieu envoya ce même esprit sur Elisée.

 

Elisée, animé par l’esprit d’Elie s’en alla et fit de grandes choses, les mêmes qu’ Elie avait faites. Il avait le même esprit. L’âme d’Elisée était toujours la même, c’était juste l’esprit qui avait pris le dessus.

 

Elisée, animé par l’esprit d’Elie était capable de savoir ce qui se disait quelque part, même s’il n’y était pas. L’esprit d’Elie était si proche de l’âme d’Elisée qu’il ne vivait pas comme le commun des mortels. Il pouvait savoir des choses secrètes et les cœurs étaient ouverts devant lui de telle sorte qu’il les dévoilait avec la plus grande aisance.

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