Messages
Michel Genton et Victor Escroignard se connaissent depuis le 4 février 1970. Ils se sont rencontrés à l’école Biblique des Assemblées de Dieu lors de leurs études à Bièvres.
Victor Escroignard vit maintenant en Israël depuis plusieurs années où il sert le Seigneur avec son épouse et leurs enfants. Le pasteur Michel Genton a demandé à son ami Victor Escroignard de lui envoyer des études et en particulier des études qui traitent de sujets qui ne sont pas vraiment abordés dans les milieux évangéliques. Notre frère Victor Escroignard est d’accord pour que ces dernières soient publiées sur le site revelationbible.
Voici donc le premier volet d’une série qui vous édifiera certainement
Avant-propos.
Cette petite étude va probablement surprendre plusieurs et peut-être froisser quelques-uns n’étant pas préparés à méditer le sujet sous cet angle à cause des conventions de la société occidentale (qui ne sont pas forcément bibliques). J’en suis conscient, et je ne désire offusquer personne. Cependant il convient de replacer les choses dans leur contexte scripturaire et sans artifice, ce qui éviterait bien des erreurs, des incompréhensions et des préjugés.
LE STATUT MATRIMONIAL
La partition
La Bible nous enseigne que Dieu constata qu’il n’est pas bon que l’homme soit seul, il lui fit une aide semblable à lui-même : la femme. Pour cela il le plongea dans un profond sommeil, peut-être une sorte de coma. Le texte dit que Dieu prit une de ses côtes (en hébreu : mitsalotav) et « referma la chair après elle ». le mot tséla signifie aussi -côté- Nous le trouvons dans Job:18v.12 : « la destruction sera à son côté », « et les bordées étaient côte à côte » (ve atselaoth tséla el tséla) Ezéchiel 41v.6 ; tséla peut aussi signifier couché sur le côté, tomber sur un côté, ou boiter d’un côté. De nombreux exemples pourraient être cités.
Plutôt qu’une « côte » que Dieu retire du corps de l’homme, il est parfaitement plausible de voir Dieu séparer de l’homme d’un de ses côtés. C’est de cette façon que les cellules se reproduisent, elles se scindent en deux pour former deux cellules identiques. L’homme reconnu dans la femme son alter ego, un autre soi-même : « Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair! On l’appela femme (isha) parce qu’elle a été prise de l’homme (ish).»Genèse 2v. 23.
Union de l’altérité
Le texte continue : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair.»(V.24). L’homme -s’attachera- (en hébreu : dabak) « coller, adhérer » à sa femme pour former « une » [seule] chair, le mot -seule- n’existe pas dans le texte hébreu. Il ressort de cette lecture que l’homme quitte une unité formée de deux entités : le père et la mère, pour former à son tour une unité formée de son entité propre et de celle de sa femme. Le texte nomme cette -unité-« bassar ehad ».Il ne s’agit pas d’une [seule chair], mais d’une [unité de chair] (accouplement). Ne savez-vous pas que celui qui s’attache à la prostituée est un seul corps avec elle ?
(1 Corinthiens 6v.16) Il partage son impureté.
Ehad ne signifie pas un dans le sens absolu. Par exemple : (Genèse 1v.3) « Ainsi il eut un soir et il y eut un matin : ce fut le premier jour » l’hébreu dit textuellement : « il y eut soir, il y eut matin : jour un (ehad) » Il faut deux entités distinctes pour former un jour : un soir suivi d’un matin. Chaque jour créé est suivi de cette formule jusqu’au sixième jour.
Un autre exemple frappant montrant bien que ehad ne signifie pas -unicité- mais -unité-, c’est la phrase bien connue : « Ecoute Israel,[ le Seigneur]YHWH notre Dieu, [le Seigneur] YHWH est Un » en hébreu il est écrit : « Ecoute Israel, [YHWH] nos Dieux, [YHWH] Un (ehad) ». (Dieu est Un composé de trois entités : le Père, le Fils, le Saint-Esprit).
Le chap. 1 v. 3 de Genèse que nos versions généralement traduisent par -une seule chair- est en fait -unité de chair-. On ne peut pas se baser sur ce verset pour affirmer que la monogamie est la règle absolue, même si elle est souhaitable et préférable, il est vrai qu’Adam fut monogame, formant avec Eve un couple.
Des situations différentes
Plusieurs grandes figures de la Bible il est vrai, ont été monogames : Noé, Isaac. D’autres semble t’il n’ont jamais été mariés : Elie, Elisée, Paul ?. Cependant beaucoup furent polygames, et la Bible n’en fait aucun référence désobligeante : Abraham eut pour femmes Sarah, Agar, Ketura et d’autres qui sont appelées concubines (Genèse 25v.5), Jacob eut quatre femmes : Léa, Zilpa, Rachel, Bilha. (Genèse 29-30). Moïse eut deux femmes : une Madianite nommée Séphora (Exode 2v.21) et une Ethiopienne dont on ignore le nom (Nombre s12v.1), il n’était pas pour autant adultère lui, à qui Dieu avait confié les 10 Commandements. David eut plusieurs épouses et plusieurs concubines, il eut Mical fille de Saül (1 Samuel 18v.27), qui lui fut ravie et donnée à un autre, mais il épousa Abigaïl la veuve de Nabal et Achinoam (1Samuel 25vs. 42-43), il commit un adultère doublé d’un meurtre en prenant pour femme Batshéba dont il fit tuer le mari.
Le statut de la femme et les interdits contractuels selon les normes bibliques :
*La femme n’épouse pas, elle est épousée à la suite d’un contrat qui s’établit entre le futur mari et le père (ou à défaut le tuteur de la fiancée si le père est décédé : le frère aîné, ou l’oncle paternel). La dote est fixée après accord. A partir de ce moment la fiancée est liée par un contrat.
*Celui qui romprait le contrat de fiançailles en abusant de la future épousée serait coupable d’adultère (Deutéronome 22v.25), si elle est consentante, elle est aussi coupable d’adultère (ibid.v.24).
*La femme mariée qui a un rapport avec un autre homme que son mari est adultère ainsi que l’homme en question (ibid.v.22).
*Si un homme a un rapport avec une femme célibataire non fiancée il n’y a pas adultère, que cet homme soit marié ou célibataire n’entre pas en ligne de compte, cet homme devra payer la dote de la femme en question qu’il a déflorée, et l’épouser (ibid.vs.28-29), s’il s’avère que la femme n’était pas vierge, il peut l’épouser, mais il peut aussi la rejeter pour cette raison (Deutéronome 24vs.1-3).
*Il est interdit d’avoir commerce avec une prostituée, l’acte commis est une souillure (1Corinthiens 6v.16). Il est troublant de constater que Dieu ordonna au prophète Osée d’épouser une prostituée car cela va à l’encontre de la Loi donnée à Moïse. Dieu viole la justice par la miséricorde afin de sauver les perdus.
*La concubine « piléguésh » n’est pas la partenaire d’une union libre, c’est une femme épousée sans contrat ni dote. Il suffit qu’elle ait eu un rapport avec un homme pour être de facto sa femme sans autre modalité, (que cet homme soit déjà marié ou non n’entre pas en ligne de compte). C’est le cas d’Agar avec Abraham, et de Zilpa et Bilha avec Jacob.
*La veuve d’un mari sans enfant doit être épousée par le frère du défunt ou à défaut un parent paternel de celui-ci dans l’ordre de parenté (c’est l’histoire de Ruth et Boaz Ruth 2 :20, 3 :12-13), le premier enfant qui naîtra sera considéré enfant du défunt et portera son nom (Deut.25vs.5-6). C’est un devoir pour le frère du défunt de susciter une postérité à son frère au travers de sa veuve et de ne pas laisser périr ainsi son nom ni son héritage. C’est à cause de ce refus que la colère de Dieu s’enflamma contre Onan (Genèse 38vs.8-9).
La veuve est libre de se remarier, car la femme célibataire n’a pas de statut social, elle est tributaire. Si elle est âgée, ses enfants en mesure de travailler doivent subvenir à ses besoins, sinon, elle n’a bien souvent pas d’autre choix que de se réfugier dans le cadre familial ou communautaire pour survivre, si elle est jeune, il lui ait conseillé de se remarier (1Timothée 5).
Tout comme la femme n’épouse pas mais est épousée, la femme ne divorce pas, elle est divorcée.
*La seule raison valable et reconnue pour divorcer une femme est l’infidélité, l’adultère. La constatation de l’absence de virginité lors du mariage d’une pseudo-vierge peut conduire celle-ci à être répudiée.
*Un homme ne peut pas re-épouser une femme qu’il a répudiée ou divorcée si celle-ci entre-temps a eu un rapport avec un autre homme (Deut. 24vs.1-4).
*Celui qui répudie sa femme sauf pour motif d’adultère l’expose à l’adultère car elle n’a pas le droit de se remarier tant que son mari est vivant et celui qui aurait commerce avec elle serait aussi adultère (Matthieu 5v.32).
*Celui qui répudie sa femme sans que celle-ci ait été adultère et en épouse une autre, commet un adultère (Matthieu 19v.9).
*Il est permis de prendre une seconde épouse, mais il est interdit de répudier la première si celle-ci est fidèle. (Proverbes 5v.18) « fais ta joie de la femme de ta jeunesse » (Proverbes 5v.18), certains délaissaient leur première femme allant jusqu’à la divorcer pour en prendre une plus jeune, ne pouvant ou ne voulant pas assurer la charge de plusieurs épouses. Jésus condamne sévèrement cette pratique (Matthieu 19vs.7-9).
*Il est interdit de contracter une union consanguine ou incestueuse, ce sont des abominations. Il est aussi interdit d’avoir les deux sœurs pour épouses (Lévitique 18vs.6-18).
*Il est permis à un homme d’avoir plusieurs épouses, cependant pour des raisons de disponibilité qui incombent à leur tâche, l’évêque et le diacre doivent être monogames (1Timothée 3v.2 et 12, Tite 1vs.5-7.), par conséquent s’ils venaient à prendre une seconde femme, ils en viendraient à perdre leur fonction de responsabilité dans l’église, car la charge familiale devenant trop lourde, elle affecterait leur disponibilité pour le ministère, un soldat ne s’embarrasse pas des choses de la vie pour être disponible à servir dans le combat spirituel (2Timothée 2v.4). Mais ils ne seraient pas adultères pour autant.
*Il est déshonorant pour une femme de passer l’âge nubile sans être mariée, les enfants constituent le capital vieillesse, ils assureront ses vieux jours (surtout dans une société sans protection sociale), c’est pourquoi il était impératif que toute femme en âge de l’être fût mariée (1Corinthiens 7v.36).
*La règle est que tout homme ait une femme, et que chaque femme ait un mari (1Corinthiens 7v.2).
*Les époux doivent se contenter mutuellement selon la mesure de leurs désirs (ibid.v.5) cependant la femme ne doit pas être approchée pendant ses menstrues (Lévitique 18v.19).
*Les époux peuvent « jeûner l’un de l’autre», s’abstenir de rapports physiques pour se consacrer momentanément à la prière (1 Corinthiens 7v.5).
*Si certains peuvent se conserver purs (Matthieu 19v.12, I corinthiens 7v.1), la majorité ne peut vivre dans la continence, le mariage donc, est encouragé afin de conserver la pureté des mœurs (1Timothée 5v.14, 1Corinthiens 7v.9).
*L’acte sexuel ne doit pas être dévié de sa fonction (Hébreux 13v.4. 1Timothée 1v.10).
*Enseigner le célibat obligatoire est une doctrine de démons et d’esprits séducteurs (1Timothée 4vs.1-3).
L’union de l’homme et de la femme est chargée d’un enseignement profond par rapport à l’Eglise (Ephésiens 5vs.22-33)
La soumission
Christ est soumis au Père (Jean 5v.30)- La femme est soumise à son mari (Colossiens 3v.18).
L’affection
Le Père a mis toute son affection dans le Fils (Matthieu 3v.17)- Le mari doit aimer son épouse comme lui-même, comme son propre corps (Ephésiens 5v.28)- Christ aime l‘Eglise qui est son corps et s’est donné pour elle (ibid.v.25).
La nature
Christ est Dieu incarné ‘dans un corps’ (Jean .14)- l’Eglise est le corps de Christ (1Corinthiens 12v.27).
L’autorité
Christ est le chef de l’Eglise (Ephésiens 1v.22)- L’homme est le chef de la femme (ibid.5v.23).
Dieu est le chef de Christ, qui est le chef de l’homme, qui est le chef de la femme :
« Je veux cependant que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, que l’homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef de Christ.» (Corinthiens 11v.3).
Le façonnement
Christ sanctifie son Eglise, Il l’a veut pure (Ephésiens 5vs.26-27) - L’homme entretient son épouse et l’honore (1Pierre 3vs.1-7).
L’union
Christ est uni au Père (Jean 10v.38) - La femme est mariée à son mari (Romains 7v.2) - l’Eglise est fiancée à Christ (2Corinthiens 11v.2), en prévision des noces de l’Agneau (Apocalypse 19v.7).
Le mystère de l’union (ihoud)
« Ainsi nous qui sommes plusieurs, nous formons un [seul] (ehad) corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres » Romains 12v.5.
« Afin que tous soient un (ehad), comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un (ehad) en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un (ehad) comme nous sommes un (ehad), moi en eux, et toi en moi, afin qu’ils soient parfaitement un (ehad), et que le monde connaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » Jean vs. 21-23.
« Ainsi ils ne sont plus deux mais ils sont une [seule] (bassar ehad) chair .Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a joint. » Matthieu 19vs.5-6.
Remarques :
C’est sous la contrainte de l’Eglise Catholique que les Juifs au Moyen-Age ont été obligés de renoncer à la polygamie, la bigamie était courante parmi eux.
Certains missionnaires n’ont pas tenu compte des lois bibliques, et ont adapté des critères de la société occidentale en Afrique et ailleurs. Ils ont pour certains d’entre eux, obligé des polygames à se séparer de leurs femmes et devoir ne garder qu’une seule épouse, exposant les autres à l’adultère et les plongeant dans la frustration et le déshonneur pour elles et leurs enfants, créant ainsi un contre témoignage à l’Evangile. Si la monogamie est préférable, la polygamie n’est pas interdite pour autant si elle est librement consentie de part et d’autre, surtout si le nombre de femmes excède celui des hommes, elle permet ainsi à toutes les femmes qui le désirent, d’avoir un époux et la possibilité d’être mère.
V. E.